M. Simon MORAMARCO
Soutiendra samedi 14 décembre 2024 à 13 h
Salle des Actes n° 011 à l’Université Paul-Valéry Montpellier 3, Site Saint-Charles 1
une thèse de DOCTORAT
Discipline : Archéologie spécialité Archéologie des mondes antiques
Titre de la thèse : TRANSCANO. Transport, commercialisation et diffusion des œuvres d'art à l'époque romaine (IIe s. av. n. è. - Ve s. de n. è.) : l'exemple de la narbonnaise occidentale
Composition du jury :
- Mme Sandrine AGUSTA BOULAROT, Professeure, Université Paul-Valéry Montpellier 3, directrice de thèse
- Mme Alexandra DARDENAY, Professeure, Université Toulouse - Jean Jaurès
- M. Martin GALINIER, Professeur, Université de Perpignan Via Domitia, codirecteur de thèse
- M. Eugenio POLITO, Professeur, Université de Cassino et du Latium du Sud (Italie)
- Mme Emmanuelle ROSSO, Professeure, Sorbonne Université
Résumé de la thèse :
À l’issue de la deuxième guerre punique, la défaite des Carthaginois permet à Rome de s’étendre et d’avoir une position hégémonique en Méditerranée. La conquête de l’Orient hellénistique, à partir du IIe s. av. n. è., offre aux généraux et à leurs armées l’occasion de piller villes et sanctuaires (Corinthe, Athènes . . .) et de rapporter des butins où se trouvent des œuvres d’art et des objets de prestige à l’origine d’un nouveau commerce : le « marché de l’art ». Par « œuvres d’art » il faut entendre des produits finis commercialisés et ayant comme principale valeur ajoutée un savoir-faire, une habileté spécifique : une 'ars', qui relève autant de l’art que de l’artisanat dans l’Antiquité romaine. Nous regroupons sous ce terme la vaisselle métallique décorée, les sculptures, les luminaires, les meubles, les emblemata, etc. L’afflux de butin, transféré vers l’Italie et exposé durant les cérémonies triomphales, révèle un goût prononcé pour les œuvres d’art grec chez les membres de l’aristocratie romaine. L’appétit toujours croissant pour les œuvres d’art de la part de ces élites ne s’arrête pas aux produits des butins, et les commandes auprès des ateliers dits « néo-attiques », arrivés entre 170 et 160 av. n. è., s’accroissent et actent la naissance de ce nouveau marché.
Durant l’Antiquité, le moyen de transport le plus utilisé reste la navigation, qu’elle soit fluviale ou maritime. Les nombreuses découvertes submergées, réalisées grâce au développement de l’archéologie subaquatique et sous-marine, attestent l’intensité du trafic commercial par voie navigable. Les débuts de la discipline sont d’ailleurs étroitement liés au transport des œuvres d’art puisque les premières opérations, au début du XXe s., ont été effectuées sur des épaves ayant révélé des cargaisons d’œuvres d’art (Anticythère A et Mahdia notamment). Sur la côte occitane, 22 sites ont révélés des éléments que nous considérons comme étant des œuvres d’art. Protégés d’une trop grande présence humaine jusque dans la deuxième moitié du XXe s., les sites côtiers, lacustres, fluviaux et sous-marins de la côte occitane sont désormais victimes de celle-ci. La construction de grands ensembles, rarement précédés de fouilles, et la présence d’un public non averti, ont causé de nombreux dommages aux sites submergés. Ce travail propose de les replacer dans leur contexte en mêlant archéologie sous-marine, histoire de l’art et histoire économique.
Il en résulte une analyse autour de trois axes : l’étude des objets, celle des routes commerciales et de leur réception. La comparaison avec les autres sites submergés méditerranéens et les découvertes terrestres a constitué une part essentielle de cette étude. La convocation des sources littéraires a également permis d’appréhender le point de vue que les Romains ont pu avoir sur la circulation et surtout sur l’accumulation des œuvres d’art. Dans la diffusion de ces dernières, l’Italie sert de relais et de centre de production pour les provinces occidentales, parmi lesquelles la Narbonnaise occidentale tient une place privilégiée.
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At the end of the Second Punic War, the defeat of the Carthaginians allowed Rome to expand and establish a hegemonic position in the Mediterranean. The conquest of Hellenistic Greece from the 2nd century BCE gave generals and their armies the opportunity to plunder cities and sanctuaries (Corinth, Athens, etc.) and bring back spoils that included works of art and prestige objects, thus giving rise to a new trade : the ’art market.’ By ’works of art,’ we must understand finished products that were traded and whose main added value lay in specific craftsmanship and skills : an 'ars', which in ancient Rome pertained as much to art as to craftsmanship. This term encompasses decorated metalware, sculptures, lighting fixtures, furniture, emblemata, etc. The influx of spoils, transferred to Italy and displayed during triumphal ceremonies, revealed a strong taste for Greek art among members of the Roman aristocracy. The ever-growing appetite for works of art among these elites did not stop at spoils, and commissions from the so-called ’Neo-Attic’ workshops, arriving between 170 and 160 BCE, increased, marking the birth of this new market.
During Antiquity, the most commonly used means of transportation remained navigation, whether by river or sea. The numerous submerged discoveries, made possible by the development of underwater and subaquatic archaeology, attest to the intensity of commercial traffic by waterway. In fact, the early days of the discipline were closely linked to the transport of works of art, as the first operations, in the early 20th century, were carried out on shipwrecks that revealed cargos of art (Antikythera A and Mahdia, in particular). On the Occitan coast, 22 sites have revealed elements that we consider to be works of art. Protected from excessive human presence until the second half of the 20th century, coastal, lake, river, and underwater sites along the Occitan coast are now falling victim to it. The construction of large complexes, rarely preceded by excavations, and the presence of an uninformed public have caused significant damage to submerged sites. This work aims to place them in their context by combining underwater archaeology, art history, and economic history.
The result is an analysis centered on three axes : the study of objects, commercial routes, and their reception. Comparison with other submerged Mediterranean sites and terrestrial discoveries has been an essential part of this study. The use of literary sources has also made it possible to understand the Roman perspective on the circulation and especially the accumulation of works of art. In their diffusion, Italy acted as both a relay and a production center for the western provinces, among which western narbonensis held a privileged place.